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Un contrôle de Flic!


« Vous avez consommés des stupéfiants ? De la résine ? ». Ce mercredi matin, nous avons droit à un contrôle de gendarmes. Merde ! On a un rendez vous à la Seyne avec un journaliste dans 15 minutes.« Suivez mon doigt, monsieur ! », l’agent, bien rasé, coiffé d’un képi, dégageant une forte odeur d’eau de Cologne lève l’index et le positionne à peu prés à 20 cm du visage de mon amis conducteur, lui demande de le fixer puis de le suivre du regard… Surement une technique de dépistages de stupéfiant ? Mais l’agent, pas très convaincu de l’exercice, ordonne un test avec prélèvement de salive et tout le tralala.On a beau râler, s’énerver, marmonner dans sa barbe dans ce genre de situation, le travail c’est le travail, et il doit être fait avec sérieux et rigueur monsieur l’agent !!

Le bout du canon de la mitraillette est planté sur mon nez. De ce tube métallique, lisse et sombre, j’arrive à humecter l’odeur de la poudre. Il suffirait d’une fraction de seconde pour que tout s’arrête. Au volant de ma voiture je ne bouge plus, pétrifié. La langue dans laquelle il s’adresse à moi, je ne la comprends pas. Je rétorque: « Je suis français ».

« Ah tu es français… alors donne-moi un cadeau : je veux un téléphone, des lunettes, des montres. Dépêches-toi ! ». Du haut de son regard froid et haineux, dénué d’humanité, incrusté sur un visage balafré et défoncé, il ouvre la porte arrière de la Peugeot 607 qui nous sert de véhicule et s’infiltre dans la caisse comme un chien affamé à la recherche d’un morceau de viande … Ses yeux affutés ne tardent guère à entrevoir sous le siège passager un paquet à l’intérieur duquel brille une montre, identique à un bijoux en argent. Tout se passe très vite, impossible de bouger. Je lui demande alors s’il la veut. En guise de réponse, sa main grasse et pullulante saisie l’objet violement, puis s’extirpant de la voiture, l’homme se redresse triomphant de sa découverte. Pendant qu’il l’observe, se la passe au poignet, prend des poses, l’approche et l’éloigne comme un joaillier qui estime un bijou magnifique, je lui baratine une histoire : « c’est une montre qui vaut chère, un cadeaux précieux, un truc qui ne lui portera pas bonheur », etc. Le regard de cette ordure ne cesse

de briller à l’écoute de mon subterfuge. Cette montre n’est en fait que du toc, une imitation que l’on trouve généralement à 5 euros sur les marchés. On dirait que le chien est rassasié, il a trouvé son biftèque et s’en délecte.

Un soupir… L’atmosphère s’apaise lentement, mais tout geste ou parole malencontreuse pourrait déséquilibrer la situation à notre désavantage. C’est le moment de s’échapper ! Je passe la première, fait crisser les pneus, jette un regard dans le retro d’où j’aperçois un nuage de poussière se dissiper et laissant apparaître ce type qui savoure son dut, planté là, armé jusqu’aux dents.

« Bon vent » … (contrôle des autorités mauritanienne, Frontière Maroc – Mauritanie coté Mauritanien, le 19 Octobre 2012).


Il nous tend un petit objet en plastic blanc avec en son centre un petit écran digital : « C’est bon messieurs, vous pouvez y aller, je vous explique tout de même le procédé. Ici il y a le taux de cannabis, ici de cocaïne, et là d’opiacés. Tout est bon pour vous, passez de bonnes fêtes ». Cet appareil était en fait un testeur de stupéfiants… (Mercredi 30 Décembre 2015 à 10h, sur la route qui mène de St Anne d’Evenos à Ollioules devant la boulangerie, France).

Etrange … C’est le mot qui me vient à l’esprit lors de ce contrôle de gendarme. Etrange et même passionnant quand on observe le protocole, disons-le, assez ridicule de cette patrouille d’une vingtaine de gendarmes, prêts à traquer sans relâche tout malfrat un mercredi matin sur la route qui mène de Saint-Anne d’Evenos à Ollioules ! Certainement relative, cette situation aux portes de la Mauritanie témoigne aussi d’une liberté qui se gagne à chaque seconde, à chaque moment de ta vie hors des frontières de pays dits « libres » comme le nôtre. Cette liberté qui n’a lieu d’être que par le bout d’un canon, d’une gâchette, d’un cadeau, d’une sensation, d’un regard. Cette liberté qui m’est chère dans mon petit chez moi, au fin fond du sud de la France. Liberté au parfum de thym, de romarin, de lavande ou bien de lilas dont je me délecte même devant ce gendarme autoritaire, parce qu’au fond c’est devant la pointe d’un fusil chargé que j’ai valorisé ce que j’aurais pu perdre en une seconde et que j’avais depuis longtemps. Ma liberté.



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