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" l'emmerdeur "

« Le problème dans ce pays c’est qu’on t’emmerde pour tout »


Elancée, chic, cheveux lisses et coupe au carré, tailleur bien taillé, cette femme me coupant la route lance une phrase qui interpelle mes oreilles l’espace d’une seconde. Puis, ne laissant que son odeur parfumée aux abords de mon rayon personnel, disparaît avec son ami. Quelle affirmation intransigeante. Décontextualisé de la conversation, je ne peux m’empêcher d’y penser, reprenant ma route sur les trottoirs de la ville.


Je saisie les clés de mon véhicule et grimpe, allume le contact, passe la première et file direction l’appartement.



Sur la route, tous les 50 kilomètres, nous avons droit à un check point militaire dut au tracas du terrorisme. Les autorités mauritaniennes nous lessivent. Heureusement nous disposons d’un passeport français, véritable morceau de papier inestimable qui nous donne une sorte d’immunité diplomatique … « Quel pays de merde ! Ici on voit encore l’esclavage … pourtant les paysages sont sublimes ! ».

C’est maintenant l’heure de déjeuner. Attabler à la table du fameux snack « Al Farida » dans la ville de Kuala Selangor à 2 heures de bus de Kuala Lumpur capitale de la Malaisie, sous une chaleur tropical accablante, je sirote un jus de citron frais : « ici, si je mange en journée durant le ramadan et que je me fait contrôler, je risque gros » nous livre Arafat, ami et fermier malaisien, face à moi, qui n’ose pas déroger à la règle malgré sa vision personnelle de la chose. En effet sur sa carte d’identité figure sont appartenance religieuse, ce qui l’oblige au respect des règles établies, même s’il n’y adhère pas, une obligation par la force et non par la compréhension.

Apres le repas, la coutume veut que les Chinois marchent un peu pour digérer. Magnifique vallée, immensité rocheuse s’élevant au delà des nuages, dent de dragons, sourire sincère, regard intrigué, accueil chaleureux, nous voici dans ce monstrueux, gigantesque, mystérieux pays qui laisse rêveur. Ici tout paraît fluide et sinusoïdal dans les manières de faire, de vivre. La courbe du mouvement amène le déversement du flot de la vie qui passe et s’infiltre telle de l’eau, de la fumée, inarrêtable, insaisissable.

« La construction d’un barrage a fait que des villages vieux de plus de 1000 ans ont été sacrifiés. Ici, peut importe la population, le gouvernement décide et opère. Pourtant des soulèvements de millier de personnes se sont fait, mais n’ont rien changés… Au contraire, il y eu plus de mal encore… » nous livre un ami chinois le regard désemparé. Ô chine, pays profond, culture millénaire, humilité transcendante, l’être humain sera capable du pire comme du meilleur, symbole du Taiji, mise en ordre de l’univers, le blanc s’unit au noir dans un mouvement constant et perpétuel…


Le soleil se couche sur cette mer méditerranée, j’effrite un peu de romarin entre mon pouce et mon index, que j’humecte inéluctablement. Ce pays que l’on peut considérer comme berceau de valeur humaniste, précurseur et acteur dans un giron universel ou, petit homme et petite femme modelés par une langue des plus difficiles à maitriser, offre parfois la sensation de nous scléroser, de nous « emmerder ». Fait social (car le mont faron en face de moi n’a aucune raison de m’emmerder), l’interaction du jeu de l’Homme, ces codes et ces barrières illusoires néanmoins réels nous sont livrés ainsi. Il nous appartient de les accepter, les modeler, les intégrer, les briser, les contourner. La hauteur, souvent difficile à prendre, nous extirpe de cet « emmerdement » et nous dévoile une vie douce et simple, parsemé d’énigmes mystérieuses couvrant notre histoire, sculptant notre culture…




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